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Les Sabres jaillirent de la baie d’accostage des chasseurs s’ouvrant à l’avant du Mon Mothma. Les pilotes découvrirent le petit disque de Coruscant – à peine plus gros que l’ongle d’un pouce – clignotant entre les hordes de vaisseaux de la flotte Yuuzhan Vong. L’aura de la planète, produite par ses milliards et ses milliards de lumières, apparut comme un rappel insistant de ce que les combats devraient protéger coûte que coûte. Ben était là, en bas, quelque part, derrière l’une de ces lumières, dormant profondément dans l’appartement de sa tante, rêvant au retour prochain de sa maman. C’était en tout cas ce que Mara réussissait à percevoir dans la Force. Ce qu’elle n’arrivait pas à deviner, en revanche, c’était si, oui ou non, elle parviendrait à concrétiser ce rêve. En dépit du flot continu de renforts de la Nouvelle République – la rumeur prétendait que même l’Amiral Ackbar était sorti de sa retraite pour prendre la tête de la flotte Mon Calamari –, les Yuuzhan Vong continuaient d’avancer inlassablement. Leur progression à l’intérieur du système se suivait à la trace en raison du grand nombre de carcasses de vaisseaux flottant dans l’espace. Mais il leur restait encore près de la moitié de leur flotte et ils se trouvaient à présent en vue de Coruscant.

Et Mara n’avait pas l’intention de les laisser s’approcher davantage de son enfant.

Une nuée d’énergie bleutée illumina l’espace droit devant lorsque les batteries de turbolasers du Mon Mothma ouvrirent de nouveau le feu. Quelques instants plus tard, une frégate Yuuzhan Vong disparut des écrans tactiques. Le signal d’alarme des senseurs de détection retentit dans le cockpit, signalant l’arrivée d’une escadrille de skips venant à leur rencontre. La voix de Wedge Antilles s’éleva dans le haut-parleur :

– A tous les escadrons, préparez-vous à une défense rapprochée. Ce coup-ci, on ne veut pas se contenter d’attirer leur attention.

Mara fut immédiatement submergée par la chaleur rassurante déployée dans la Force par son époux.

– Tout va très bien aller, dit Luke. Nous n’allons pas laisser qui que ce soit lui faire du mal.

 

Ecarquillant ses yeux bleus face à la zone de sécurité qui, sur son écran, semblait se réduire à vue d’œil, la jeune recrue des communications du Bail Organa demanda à son supérieur :

– Général ? Dois-je contacter les Défenses Planétaires pour les prier de désactiver un secteur entier du champ de mines pour nous ?

Garm Bel Iblis tortilla nerveusement sa moustache et, ignorant l’immense écran tactique mural de la passerelle de commandement, se tourna vers les hublots avant. Il observa la tornade de plasma en train de se déchaîner contre les déflecteurs de proue du destroyer stellaire. Entre les éclairs, il eut tout juste le temps d’apercevoir les silhouettes massives qui constituaient l’avant-garde de la flotte ennemie. Rapidement, ces silhouettes incertaines se transformèrent en paquebots et gros transports de la Nouvelle République. N’étant pas du genre à laisser la technologie l’emporter sur son propre jugement, il comprit instinctivement que le bouclier de vaisseaux de réfugiés serait sur lui dans moins d’une minute. Il savait également que les Défenses Planétaires auraient besoin de désactiver deux secteurs de minés – et non pas un seul – si le Groupe Deux devait battre en retraite selon la procédure prévue.

– Général ? demanda la jeune femme. J’ai libéré une fréquence pour contacter les Défenses Planétaires.

– Parfait, Anga. (Les yeux de Garm se posèrent brièvement sur le moniteur tactique. Il constata que, en raison du grand nombre d’appareils ayant déserté le Groupe Un pour se joindre à lui, sa propre flotte était bien plus conséquente qu’au commencement de la bataille.) Dites aux Défenses Planétaires de conserver tous les secteurs de mines actifs. Nous ne battrons pas en retraite.

Le visage d’Anga devint aussi pâle que sa chevelure.

– Je vous demande pardon. Général ?

– Ouvrez un canal pour transmettre à tous les groupes de la flotte, ordonna Garm. J’ai besoin de dire quelques mots.

 

Installé dans un satellite équipé de répulseurs, en vol stationnaire dans l’axe du tracé d’invasion des Yuuzhan Vong, le quartier général de la Défense Orbitale était aussi grand qu’une cité flottante de Mon Calamari. Le centre de contrôle qui se trouvait en son cœur était lui-même aussi grand qu’un terrain de shock-ball. Malgré la foule de coordinateurs de batteries et de responsables du trafic, l’endroit était, au moment où Lando et son escorte passèrent l’écoutille de sécurité, aussi silencieux que l’espace lui-même.

Remarquant que tous les yeux de toutes les personnes présentes étaient braqués vers le plafond, Lando releva la tête et découvrit un vaste dôme de transparacier au-delà duquel s’étendait un océan de tramées de plasma et de boules de feu incandescentes. Certaines explosions se produisirent à proximité des boucliers déflecteurs. Lando voulut, d’instinct, se jeter à terre et ramper jusqu’à la Dame Chance aussi vite que ses mains et ses genoux le lui permettraient. Mais c’était pour lui une question d’honneur de ne jamais être le premier à céder à la panique. En dépit de ce que ses yeux lui apprenaient, la station demeurait stable et, dans cette salle pleine à craquer d’appareillages électroniques de toutes sortes, il ne se produisait aucun craquement ni aucun parasite.

D’une voix délibérément calme, Lando demanda :

– Plafond optique ?

– Tout juste, lui répondit son escorte, une jeune femme sous-officier qui aurait même arraché à Tendra une grimace de jalousie. De temps en temps, ça nous aide à orienter la station afin de voir réellement ce qui se passe dehors.

– Mmh… dit Lando.

Maintenant qu’il comprenait comment la scène s’organisait, il vit les cercles bleus de plusieurs milliers de propulseurs ioniques surgir de la tempête infernale. Garm Bel Iblis avait réussi à coincer les envahisseurs comme de vulgaires wampas. Le Groupe Deux de la flotte était en train d’accélérer à travers le bouclier de vaisseaux de réfugiés pour aller attaquer l’ennemi de front. Les corvettes et les frégates de la Nouvelle République disparaissaient par douzaines. Croiseurs et destroyers stellaires crachaient des salves de feu avant de succomber les uns après autres.

Lando décrocha son comlink de sa ceinture et appela Tendra :

– Où en es-tu avec les plates-formes armées ?

– On est en train de procéder à la dernière livraison, répondit-elle. Il y a toujours une section de bouclier ouverte de l’autre côté de la planète. Je pense que je vais en déposer quelques-uns au Palais Impérial.

– N’y compte pas trop, dit Lando. Je pense qu’ils vont refermer la brèche d’un instant à l’autre. Je te retrouve au point de rendez-vous convenu.

– Quand ? demanda Tendra d’un ton inquiet.

– Bientôt, répondit Lando. Très bientôt.

Le jeune sous-officier se pencha par l'écoutille et fit un signe aux deux droïdes de guerre CYV que Lando venait de livrer, puis elle ouvrit la marche jusqu’au centre de contrôle. Au moment où ils rejoignirent le turbo-élévateur, après s’être frayé un chemin dans le dédale de passages et de points de contrôle, ils constatèrent que le Groupe Deux avait franchi le barrage de réfugiés et striait à présent les cieux obscurs de traits de turbo-lasers. Les vaisseaux des otages se mirent à accélérer, leurs silhouettes sombres illuminées de l’arrière par les halos bleus de leurs traînées ionisées.

La jeune femme pressa sa paume sur un bloc tactile afin d’obtenir une autorisation d’accès, puis conduisit Lando et ses droïdes jusqu’au pont de commandement. Le Général Ba’tra était déjà bien entouré d’assistants et de sous-officiers – essayant tous de lui parler en même temps –, mais le Bothan fit cependant signe aux nouveaux venus de s’approcher. Le museau plissé en une vague grimace, il scruta les deux droïdes et émit un grondement d’approbation.

Trop heureux de trouver enfin quelqu’un qui appréciait la qualité de fabrication de ses droïdes, Lando sourit chaleureusement et tendit la main.

– Général Ba’tra, très heureux de vous rencontrer…

– Epargnez-moi les politesses, Calrissian, nous sommes en pleine bataille.

Lando laissa sa main retomber. Il sentit sa bonne humeur l’abandonner, mais continua cependant de sourire.

– Certainement, mon Général, c’est pour cela que je confie ces droïdes de guerre aux bons soins du personnel de la sécurité.

– Vous confiez ?

– C’est gratuit, mon Général, confirma Lando.

Ba’tra lui lança un regard dubitatif.

– Et qu’attendez-vous en échange ?

– Rien. Pour le moment. Ce sont de bons droïdes. J’essaie d’entretenir le marché suffisamment longtemps pour que les clients potentiels puissent s’en rendre compte.

– Entretenir le marché ? (Le Bothan esquissa un sourire entendu, puis tapota avec une de ses griffes contre le blindage de CYV 1-302A.) C’est du quantum ?

– Encore mieux, dit Lando, imitant sciemment les manières un peu brusques du militaire. (Jouer le même jeu que son client était l’une de ses méthodes de vente les plus efficaces.) C’est du laminanium. Nous avons développé ça nous-mêmes.

– Ah…

Devinant l’approbation du Bothan, Lando s’empressa d’ajouter :

– J’en ai vingt de plus à bord de la Dame Chance, si cela peut vous être d’une quelconque utilité.

– Ils ne sont pas destinés à quelqu’un d’autre ?

– Cette station est mon dernier point de livraison, dit Lando, secouant la tête.

Un halo orangé se mit à clignoter par-delà le dôme d’observation du centre de contrôle. Deux mines spatiales venaient d’activer leurs fusées de propulsion et se dirigeaient à présent vers un vaisseau de réfugiés Ralltiiri. Les écrans protecteurs du cargo reconverti en transport encaissèrent la détonation de la première mine. Mais la deuxième le heurta à la proue, déclenchant une vague d’incendies en chaîne qui détruisirent le vaisseau de la tête à la queue.

– Cela répond à la question, commenta Ba’tra tout en observant l’explosion du vaisseau. Il devait y avoir des gardes Vong à bord.

La lueur orangée s’intensifia dans le centre de contrôle. Douze autres mines spatiales venaient de se mettre en route.

Les visages des assistants du général se décomposèrent. Une jeune Bith prit la parole :

– Dois-je demander au secteur deux-vingt-trois de désactiver leurs mines, Général ?

Avant de répondre, Ba’tra se tourna pour consulter un écran tactique qui était suspendu au mur de la passerelle de commandement. Le Groupe Trois de Wedge était en train de pousser l’ennemi par l’arrière, mais un coup d’œil rapide à la situation lui indiqua que la flotte de Garm ne serait pas suffisante pour tenir les Yuuzhan Vong en respect. Même si les restes du Groupe Deux avaient déjà créé une brèche conséquente dans l’avant-garde de la flotte d’invasion, les appareils ennemis commençaient à se détacher de la formation pour obliger les vaisseaux de réfugiés à se jeter contre les barrages de mines.

Le halo orangé du centre de contrôle s’atténua considérablement et fut soudainement remplacé par l’éclair aveuglant des mines en train d’exploser. Ba’tra tourna la tête et vit une douzaine de vaisseaux de réfugiés franchir le barrage de mines sans en être affectés.

Le Bothan fit volte-face vers la jeune Bith qui avait émis la suggestion concernant la neutralisation des mines dans ce secteur.

– Je n’ai pas donné l’ordre de désactivation, que je sache…

Le peu de couleur qui restait au visage de la jeune femme disparut aussitôt.

– Mais moi non plus…

Ba’tra sortit son comlink de sa poche et avança jusqu’au panneau de transparacier qui donnait sur le centre de contrôle.

– Activez le secteur de mines deux-vingt-trois !

Le Bothan dévisagea une Mon Calamari esseulée, assise à une quarantaine de mètres de là à sa console. Elle se contenta de croiser les mains sur ses genoux et de regarder le plafond. Les contrôleurs de mines assis de part et d’autre firent de même.

– Je vois… (Ba’tra éteignit son comlink et se tourna vers Lando.) Est-ce que vos droïdes sont aussi efficaces avec les traîtres qu’ils le sont avec les imposteurs ennemis ?

Lando regarda les contrôleurs et déglutit, guère convaincu qu’il lui faille répondre honnêtement.

– Savez-vous à quelle vitesse nos ennemis seront sur nous une fois qu’ils auront franchi le champ de mines ? demanda Ba’tra. Et dois-je également vous rappeler que vous ne quitterez pas cette station tant que je n’aurai pas obtenu de réponses ?

– Vous devez désigner les cibles et donner un ordre qui prévaudrait sur le reste, dit Lando.

– C’est-à-dire ?

Lando ne répondit pas tout de suite, l’esprit perdu dans des calculs de poussées et de marges d’erreurs.

– Calrissian ?

– Général, avez-vous un moyen d’empêcher les mines de cibler vos plates-formes de défenses orbitales ?

Ba’tra lui adressa un regard noir et se tourna vers un assistant venu d’Arcona.

– On peut leur envoyer des codes de désactivation, suggéra le jeune sous-officier. Avec une transmission en faisceau restreint, on pourrait désarmer les têtes explosives et laisser les mines rebondir sur les déflecteurs des plates-formes.

– Parfait, dit Lando. Alors je vous suggère de désactiver tous les secteurs.

– Quoi ?

– Laissez-les passer, expliqua Lando. Les réfugiés, les Yuuzhan Vong, tout le monde…

Ba’tra plissa les yeux en réfléchissant. Lando comprit que le général était déjà en train de songer à la même chose que lui. Voilà au moins un Bothan qui semblait bien mériter son poste.

Au bout de quelques instants, Ba’tra demanda :

– Vous savez ce qui se passera lorsque ces vaisseaux atteindront notre bouclier planétaire, non ?

Lando haussa les épaules.

– Vos mines pourraient détruire la première centaine d’appareils…

– Pas autant que ça, à mon avis, dit la jeune femelle Bith.

– Alors autant garder vos atouts essentiels pour un usage plus judicieux.

Ba’tra releva les yeux vers le flux continu de vaisseaux de réfugiés traversant le secteur de mines désactivées en direction de la surface de Coruscant. Les premiers transports disparurent par-delà les bords du vaste dôme d’observation, leurs longues traînées ionisées, pareilles à des aiguilles, restant en suspens derrière eux au fur et à mesure que les appareils accéléraient vers le bouclier.

– J’espère que vous comprenez que cela ne sauvera pas les otages, déclara le Bothan.

– Certes, mais au moins ils ne se feront pas massacrer par les tirs de la Nouvelle République, répondit Lando. Et puis, ça pourrait bien sauver Coruscant.

Une sphère de lumière dorée émana de la planète lorsque le premier vaisseau de réfugiés se désintégra contre son bouclier. Ba’tra frissonna et hocha la tête.

– Très bien, Calrissian. A vous de jouer.

– Moi ? demanda Lando, sentant sa mâchoire se décrocher.

– C’est votre idée. C’est votre mission, dit le Bothan. Je vais demander à quelqu’un de vous amener des épaulettes et des étoiles, Général. Vous venez juste d’être rappelé dans vos fonctions militaires.

 

Au moment où le Groupe Trois rejoignait la flotte du Groupe Deux, l’espace environnant était tellement jonché d’épaves qu’il était impossible de se mouvoir à grande vitesse. A travers la nuée de débris, Mara aperçut une demi-douzaine de destroyers stellaires et peut-être vingt ou trente vaisseaux plus petits en train de se frayer un chemin à grands coups de turbolasers. Tous se déplaçaient effroyablement lentement. Près de la moitié vomissaient cadavres et jets d’oxygène. Une bonne douzaine se mouvaient uniquement parce qu’ils étaient remorqués par les rayons tracteurs d’autres engins. Visiblement, Garm Bel Iblis et ses troupes n’étaient plus en état de se battre.

L’arrière-garde des Yuuzhan Vong semait la dévastation de toute part, échangeant des tirs nourris avec le Groupe Un en traversant le champ de mines désactivées. Traest Kre’fey avait apparemment choisi de ne pas forcer son offensive tant qu’il n’aurait pas rejoint le groupe de Wedge. Les quelques milliers de vaisseaux qui lui restaient demeuraient sur leur réserve, se contentant d’attaquer à distance pendant que les envahisseurs investissaient l’orbite de Coruscant et s’en prenaient aux plates-formes de défense. Les effectifs du Groupe Un étaient certes très inférieurs en nombre, mais Mara n’arrivait pas à croire que l’amiral puisse faire preuve d’une telle couardise. En dépit de son passif de Bothan, Kre’fey lui avait toujours donné l’impression d’être un honorable soldat et un citoyen loyal.

La scène qui se produisait en périphérie de Coruscant la sortit de sa réflexion et son cœur se mit à battre en pensant à la sécurité de Ben. Un disque doré de près de mille kilomètres de diamètre se dessina à la surface du champ déflecteur de la planète, sous les impacts constants des vaisseaux de réfugiés. Chaque nouvelle collision produisait une colonne de feu qui s’élevait sur plusieurs kilomètres dans l’espace et envoyait des ondes de choc à la ronde. De temps en temps, un vaisseau de réfugiés parvenait à prendre la tangente à la dernière seconde lorsque son équipage réussissait à reprendre le contrôle. Mais la tentative finissait toujours mal. L’appareil allait s’écraser contre le bouclier ou bien était détruit par l’une des frégates ennemies en attente, quand il n’explosait pas tout seul suite au stress imposé à sa structure par la difficulté de la manœuvre. Pour la plupart, les pilotes Yuuzhan Vong des escadrons suicides – installés aux commandes des vaisseaux otages – concentraient leurs crashes sur une même zone. Les explosions les plus conséquentes étaient déjà en train de causer des tornades de décharges statiques à la surface du bouclier.

La voix de Danni Quee résonna sur le canal de communications :

– On a repéré un autre yammosk.

Mara posa les yeux sur son écran tactique. Un rectangle lumineux apparut autour d’un croiseur lourd qui était déjà bien engagé dans le champ de mines. Une douzaine de soupirs de lassitude retentirent sur la fréquence. Ce serait le quatrième yammosk qu’Eclipse aurait à éliminer. Ils avaient détruit le deuxième grâce à la tactique de la sphère lumineuse déployée par Saba, mais le troisième avait coûté la vie à de très nombreux pilotes. Luke avait été obligé de repenser l’organisation des forces d’Eclipse en un seul détachement constitué de deux escadrons de quinze chasseurs. Lorsque Danni n’était plus parvenue à détecter des modulations gravifiques, tous avaient espéré avoir réglé son compte au dernier yammosk. Apparemment, l’envahisseur en avait encore au moins un autre en réserve.

Luke ouvrit une fréquence pour appeler le Mon Mothma.

– Commandement ? On va avoir besoin de tout le soutien possible. (Pendant leur dernière phase de réarmement, Wedge leur avait proposé l’aide des Rogue et des Spectres – même si ceux-ci n’étaient supposés rejoindre le combat que pour des missions d’espionnage – pour les attaques qu’ils auraient à mener contre les yammosks.) Ça risque d’être plus difficile, ce coup-ci.

– Négatif, Fermier, répondit Wedge. Tu n’es pas autorisé à lancer cet assaut.

Mara sentit Luke se raidir et comprit combien il était fatigué. Luke ne se laissait jamais aller à la colère au point qu’elle puisse s’en apercevoir.

– On n’a plus le temps de jouer les chaperons, là, Commandement. Tu vois bien que la situation est désespérée. Si nous n’éliminons pas ce…

– J’ai dit non, l’interrompit Wedge. Je ne peux pas t’ordonner de battre en retraite, mais je te demande au moins de me faire confiance sur ce coup. Il y a certaines choses que je ne peux pas révéler sur cette fréquence.

Mara sentit Luke invoquer une technique de relaxation Jedi. Il n’y avait aucune raison de croire que les Yuuzhan Vong puissent détecter leurs communications, encore moins déchiffrer les codes militaires, mais on ne pouvait pas en dire autant des vaisseaux de réfugiés. Si l’un d’entre eux appartenait à un pilote ou à un contrebandier de la trempe d’un Han Solo ou d’un Talon Karrde, il y avait fort à parier que l’appareil devait être équipé du système d’écoute le plus perfectionné de toute la galaxie.

– Bien compris, dit Luke. Dis-nous quand nous aurons l’autorisation.

– Tu peux compter sur moi.

– Wedge ? (Mara fut aussi surprise que les autres de s’entendre prononcer le nom de Wedge sur la fréquence. Elle ne comprit d’ailleurs pas pourquoi elle l’avait fait jusqu’à ce qu’elle s’avise de terminer sa phrase :) Est-ce que tu as un moyen de me relayer les canaux de communications civiles de Coruscant ?

Il y eut une courte pause, puis Wedge répondit :

– Bien sûr qu’on peut le faire. A qui veux-tu parler ?

– A mon beau-frère, dit-elle.

La curiosité qu’elle ressentit chez Luke dura le temps qu’il fallut à un autre vaisseau de réfugiés pour s’écraser contre les déflecteurs. Cette fois, la décharge statique resta concentrée au point d’impact et pénétra le bouclier. Deux autres appareils explosèrent près de la brèche, agrandissant considérablement le trou. Un troisième engin – un vieux paquebot décrépi – réussit à s’introduire dans l’ouverture et commença à prendre la fuite. Les canaux de communications furent bientôt envahis par les cris de joie des représentants du Groupe Trois, heureux de constater qu’un vaisseau de réfugiés allait peut-être s’en tirer. Les réjouissances furent de courte durée car deux frégates Yuuzhan Vong se lancèrent très rapidement aux trousses du paquebot par l’ouverture. La voix de Han Solo retentit alors sur la fréquence.

– Mara ? Qu’est-ce qui se passe ? (Il y avait beaucoup de parasites.) Est-ce que Luke…

– Il va bien, l’interrompit Mara. Ecoute-moi. Les boucliers sont en train de rendre l’âme. Est-ce que tu peux emmener Ben à l’abri, loin de la planète ?

– C-3PO est déjà en train de boucler les valises ! dit Han. Nous décollerons dès que nous aurons rejoint le Faucon.

– Merci. (Il y eut une pause un peu inconfortable, au cours de laquelle Mara hésita entre lui faire part de sa tristesse et lui présenter des excuses pour avoir pensé que la mission d’Anakin était une bonne idée. Elle se contenta de demander :) Comment va Leia ?

– Elle tient le coup, répondit Han. (Dans son esprit, Mara vit une image se dessiner, celle de Leia serrant Ben contre sa poitrine.) Bon, allez, ajouta Han, à plus tard.

Il coupa la communication, laissant Mara et Luke seuls, face à la guerre. Elle sentit Luke la toucher dans la Force, essayant de lui infuser des pensées rassurantes dont il ne semblait guère lui-même imprégné.

Je vais bien, Luke, songea-t-elle.

Mais Mara sentit monter l’irritation de Luke. Même lui, cet exemple de maîtrise parfaite, commençait à se lasser d’attendre ainsi. Plus d’une douzaine d’engins Yuuzhan Vong pénétrèrent dans la brèche de l’atmosphère de Coruscant avant que les Défenses Planétaires ne parviennent à remettre en route un générateur de remplacement.

La flotte du Groupe Trois était sur le point d’aborder le champ de mines lorsque Wedge ordonna de cesser la poursuite. Cela faisait près de vingt minutes qu’aucun vaisseau ennemi n’était tombé sous le feu des Ailes-X. Luke ordonna aux Sabres et aux Chevaliers Errants de se rendre à leurs postes de combat statique à deux cents kilomètres au-devant du destroyer stellaire. Perplexes devant l’hésitation de Wedge, les deux escadrons prirent position, observant les mortelles décharges électriques qui, dans le lointain, fusaient entre les gros vaisseaux.

Il fut répondu à cette perplexité moins d’une minute plus tard, lorsque que toutes les mines du champ de protection allumèrent simultanément leurs fusées directionnelles. Les vaisseaux cessèrent le feu. Un silence enrayant tomba sur les canaux de communications lorsque les mines se braquèrent sur les appareils ennemis et commencèrent à converger vers eux. Les Yuuzhan Vong manœuvrèrent de façon désordonnée. Ils étaient à présent coincés entre les mines et le bouclier protecteur de Coruscant, sans la moindre issue possible. Dès que l’un d’entre eux réussissait à échapper à une mine, c’était immédiatement pour se retrouver sur la trajectoire d’une autre. Certains vaisseaux approchèrent de trop près le bouclier planétaire et furent instantanément réduits en poussière cosmique. Quelques appareils en éperonnèrent accidentellement d’autres. Certains, visiblement subjugués par le retournement soudain de la situation, tombèrent alors sous les tirs nourris des turbolasers des plates-formes de défense orbitale.

A terme, les Yuuzhan Vong comprirent enfin qu’il leur valait mieux cesser d’avancer pour régler le problème, se reposant alors sur leurs armements et leurs anomalies gravifiques leur servant de bouclier pour détruire les mines à l’approche. Beaucoup échouèrent et furent désintégrés. Un millier d’autres furent touchés et vomirent matériel, corps désarticulés et gaz par les brèches de leurs coques. Tous les vaisseaux encaissèrent au moins un impact de mine chacun. Mais un nombre ahurissant d’appareils ne semblaient présenter que des dégâts mineurs. Ils retournèrent à leurs missions initiales, concentrant leurs tirs sur les plates-formes orbitales et obligeant les vaisseaux de réfugiés à s’écraser contre le bouclier de Coruscant.

C’est alors qu’en parfaite coordination tous les engins Yuuzhan Vong endommagés par les mines se jetèrent volontairement contre les déflecteurs planétaires. Des décharges statiques parcoururent toute l’atmosphère. Des sections entières de boucliers étincelèrent brièvement avant de se volatiliser. Les stations de générateurs, installées à la surface, disparurent dans un rayonnement si aveuglant qu’il fut visible depuis l’espace. Des volées de skips jaillirent des appareils Yuuzhan Vong ayant échappé à la destruction massive et plongèrent vers la surface.

Sur l’écran tactique de Mara, le croiseur qui transportait le quatrième yammosk clignotait doucement, indiquant qu’il avait subi des dégâts. Mais il était toujours intact et dérivait lentement vers la face diurne de Coruscant.

– Fermier ? C’est tout bon ! appela Wedge. Tu as maintenant l’autorisation d’attaquer.